Chères Consœurs, chers Confrères,
C’est avec beaucoup d’humilité que je remercie les membres du Conseil National de m’avoir confié la responsabilité de présider et de conduire l’action de notre maison commune pour les deux prochaines années.
Je tiens à ce que mes premiers mots visent à saluer l’action et le bilan de Christophe Basse.
J’ai eu l’honneur d’être son vice-président pendant deux ans et le témoin de son dévouement, de l’énergie et de la force de conviction qu’il a su mettre au service de la profession, dans des circonstances incroyablement difficiles et un contexte parfois hostile. Nous lui sommes tous redevables pour l’immense travail qu’il a accompli.
Fort de cette expérience, je sais le poids de la responsabilité qui m’incombe dans un contexte où la profession vit des heures difficiles, avec une activité en berne, des chiffres d’affaires en très forte baisse, une complexité croissante de notre droit et des obstacles réglementaires encore trop nombreux qui restreignent notre agilité et notre modernisation, notamment dans le domaine digital.
Le cœur de mon action visera à nous sortir collectivement de la crise.
Les chantiers prioritaires, nous les connaissons : ils ont été identifiés et décrits en détails devant le Garde des Sceaux, lors de notre dernier Congrès de la Colle-sur-Loup.
Les premiers ont trait à notre statut, pour lequel la situation actuelle n’est pas tenable.
Dès les prochaines semaines, nous devrons discuter de la réforme du tarif réglementé : nous ne pouvons plus évoluer dans un contexte où la réglementation fait peser une menace permanente sur le niveau de nos rémunérations, avec des baisses régulières décidées sur la base de chiffres non pertinents ou périmés, sans prise en compte des revenus actuels des études, ni de la qualité et de la performance de notre action. Dans l’immédiat, nous allons demander une revalorisation du tarif, qui s’impose évidemment. Et dans les prochains mois, nous devrons travailler à une réforme du tarif réglementé, prenant en compte la performance de nos actions, conformément aux objectifs énoncés par la récente directive européenne.
L’accès à la profession, quant à lui, doit être harmonisé. Il n’est pas raisonnable de maintenir la coexistence de deux voies d’accès aux niveaux de sélectivité radicalement différents, qui non seulement ouvrent la voie à une profession à deux vitesses, mais constituent en outre un appel d’air grandissant bouleversant l’équilibre économique déjà fragile des études. L’exemple de la hausse de 35% du nombre d’AJ depuis 2014, alors que dans le même temps le nombre de dossiers a été divisé par deux, doit faire réfléchir nos autorités.
Il faut, parallèlement, élargir le champ de nos missions, en inscrivant la profession dans la diversification des modes de prévention et de règlement des conflits, avec notamment la médiation inter-entreprises, au-delà du champ des entreprises en difficulté, le management de transition, les mandats d’administrateurs indépendants ou encore la fiducie. Cet élargissement est légitime, car il correspond à nos savoir-faire. Il sera utile aux entreprises qui y auront recours. Et il est nécessaire de nous ouvrir à d’autres marchés qui seront très vite indispensables à l’équilibre économique de nos études.
Enfin, l’équipe du CNAJMJ travaillera à l’achèvement du grand chantier de la transformation digitale, déjà largement entamé par Christophe. Il faut nous doter d’un outil numérique unique permettant d’interagir avec les personnes concernées par les procédures collectives : déclarations et contestations de créances, interrogation sur le plan, téléchargement des jugements, établissement des certificats d’irrécouvrabilité, etc. Il n’est que temps de sortir de l’ère des lettres recommandées, sources d’inertie, de coûts inutiles et d’inefficacité. On connait les conditions nécessaires pour que cela fonctionne : un système de télédéclaration de créances en ligne quasi-obligatoire, facturé au niveau nécessaire pour couvrir les coûts de sécurisation et d’entretien.
L’équipe du Conseil National, unie, est mobilisée sur ces quatre chantiers prioritaires.
Nous aurons cette année, je l’espère, de nombreuses occasions de nous réunir et d’échanger, mais même si la crise sanitaire devait nous en empêcher, sachez qu’avec tous les élus du Conseil national, notamment le Vice-Président, François Desprat, je suis et serai à votre disposition et à votre écoute pour ajuster, chaque fois que cela sera nécessaire, l’action du Conseil national.
Je vous souhaite à tous mes meilleurs vœux personnels et professionnels pour la nouvelle année, dans l’attente du plaisir de vous retrouver très prochainement.
Votre bien dévoué Président,
Frédéric Abitbol